
La récente validation par les actionnaires de Stellantis de la rémunération de Carlos Tavares pour 2023, s’élevant à 36,5 millions d’euros, a suscité une vive polémique. Revenons sur les détails de cette décision, les arguments en faveur et contre cette rémunération, ainsi que les réactions politiques et législatives qu’elle a engendrées.
Un Salaire Impressionnant
Carlos Tavares, à la tête de Stellantis, un groupe automobile résultant de la fusion entre PSA et Fiat Chrysler en 2021, a vu sa rémunération validée à 70% par les actionnaires du groupe. Cette rémunération, qui représente environ 100 000 euros par jour, est en nette hausse par rapport aux années précédentes : 23,5 millions d’euros en 2022 et 19 millions d’euros en 2021.
Les Justifications de Stellantis
Stellantis justifie cette augmentation par les excellents résultats financiers du groupe, avec un bénéfice record de 18,6 milliards d’euros en 2023, en hausse de 11% par rapport à l’année précédente, et un chiffre d’affaires de 190 milliards d’euros. Carlos Tavares, ayant un salaire fixe annuel de 2 millions d’euros, voit sa rémunération complétée par des primes et des bonus liés aux performances de l’entreprise.
Comparaisons et Défenses
Les défenseurs de Tavares soulignent qu’il a redressé Peugeot Citroën, une entreprise en difficulté après la crise de 2009, et que sa rémunération est comparable à celle de dirigeants d’autres multinationales, comme Tim Cook d’Apple, payé 60 millions d’euros en 2023. Carlos Tavares lui-même a déclaré : « 90 % de mon salaire est lié aux résultats de l’entreprise. Si vous estimez que ce n’est pas acceptable, faites une loi et je la respecterai. »
Réactions Politiques et Propositions Législatives
Cette déclaration a relancé le débat politique. Boris Vallaud, président du groupe socialiste à l’Assemblée nationale, a annoncé son intention de redéposer une proposition de loi visant à limiter les écarts de revenus dans les entreprises. La France Insoumise propose quant à elle de fixer un salaire maximum, limitant les écarts de rémunération de 1 à 20.
Cependant, même si une telle loi était adoptée en France, elle ne s’appliquerait pas à Stellantis, une société de droit néerlandais.
La Position du Gouvernement Français
Le gouvernement français, bien que sceptique sur l’encadrement des salaires, a exprimé des opinions nuancées. Emmanuel Macron avait qualifié en 2022 la rémunération de Carlos Tavares de « choquante et excessive » et avait évoqué un plafonnement des rémunérations au niveau européen. Il avait également suggéré de redistribuer plus de bénéfices aux salariés via des participations ou des primes pouvoir d’achat.
Perspectives Internationales
Le ministre de l’Économie, Bruno Le Maire, propose une taxe mondiale sur les plus riches. Soutenue également par le gouvernement brésilien, cette idée a été discutée lors d’une réunion du G20. L’économiste Gabriel Zucman propose une taxe de 2% sur le patrimoine des 3 000 personnes les plus riches du monde, pouvant rapporter 250 milliards de dollars selon l’ONG Global Citizen.
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Le débat sur la rémunération de Carlos Tavares reflète des tensions plus larges sur les inégalités salariales et la répartition des richesses. Tandis que certains plaident pour un encadrement strict des salaires des grands patrons, d’autres privilégient une taxation plus juste des plus fortunés. Les discussions et propositions législatives en cours montrent que ce sujet reste au cœur des préoccupations politiques et économiques.



