Pourquoi les jeunes Français font de moins en moins l’amour ?
Une plongée au cœur des enjeux et des transformations de la vie sexuelle des français, pour mieux comprendre leur impact.

Malgré une société qui semble sur-sexualisée avec les réseaux sociaux, les applications de rencontre et l’accès facile à la pornographie, les jeunes Français ont de moins en moins de relations sexuelles. Ce phénomène, observé à l’échelle mondiale, s’explique par divers facteurs : l’anxiété croissante, le manque d’autonomie financière, la surexposition aux écrans et les effets de la consommation précoce de contenus pour adultes. Analyse d’une tendance qui redéfinit le rapport des jeunes à la sexualité.
Une tendance globale
En 2006, seuls 5 % des jeunes Français de 18 à 24 ans n’avaient pas eu de relations sexuelles au cours de l’année précédente. Aujourd’hui, ce chiffre atteint près de 30 %. Cette réduction de l’activité sexuelle n’est pas spécifique à la France. Aux États-Unis, par exemple, les lycéens qui avaient déjà eu une relation sexuelle étaient majoritaires en 1991, mais ils sont devenus minoritaires en 2019. De même, au Japon, plus de 40 % des jeunes célibataires étaient vierges en 2015, contre 30 % dix ans plus tôt.
Les raisons d’un déclin
1. Le manque d’autonomie financière
Les jeunes vivent plus longtemps chez leurs parents en raison de la précarité économique et de l’allongement des études. Cette cohabitation complique l’intimité. Comme l’explique un témoignage : « Je ne peux pas ramener quelqu’un chez moi par respect pour ma famille. » De plus, l’accès à un logement indépendant est freiné par des emplois stables qui arrivent tardivement et une hausse des coûts de l’immobilier.
2. Une anxiété croissante
Les jeunes sont de plus en plus touchés par des troubles anxieux. Le nombre de jeunes ayant vécu un épisode dépressif a doublé en dix ans. Le stress et l’anxiété jouent un rôle majeur dans la baisse du désir sexuel, provoquant des troubles comme les angoisses de performance chez les hommes et la baisse de libido chez les femmes.
3. La surexposition aux écrans
Les écrans captent une part importante du temps libre des jeunes. Près de 50 % des jeunes hommes ont déclaré avoir déjà préféré jouer à un jeu vidéo ou regarder une série plutôt que d’avoir un rapport sexuel. Ces habitudes renforcent l’isolement et réduisent le temps consacré à des activités sociales.
4. L’impact de la pornographie
L’accès à la pornographie en ligne, facile et désormais précoce, modifie les perceptions des relations sexuelles. En moyenne, 28 % des mineurs consultent des sites pour adultes chaque mois. Cette exposition peut provoquer des troubles du désir, des complexes ou une forme de lassitude vis-à-vis des relations réelles.
Une génération « no sex » ?
Certains parlent d’une « récession sexuelle » ou d’une « génération no sex ». Pourtant, il serait réducteur de penser que les jeunes abandonnent la sexualité. Leur rapport à celle-ci évolue dans un contexte marqué par des facteurs économiques, technologiques et sociaux inédits. Cette transformation pose de nouvelles questions sur l’éducation à la sexualité, l’autonomie et le bien-être des jeunes.
Conclusion
La baisse des rapports sexuels chez les jeunes Français révèle des problèmes sociétaux profonds. Entre précarité, anxiété et surconsommation d’écrans, cette tendance incite à réfléchir à des solutions pour redonner aux jeunes les moyens de vivre pleinement leur intimité. Comprendre et agir sur ces facteurs pourrait permettre de rétablir un équilibre dans leur rapport à la sexualité.



